Fiordland National Park

Il y a 20 000 ans, dans les montagnes de l’île du Sud, les glaciers sont à leur apogée. Bulldozers inarrêtables, arrachant sans relâche des tonnes de rochers, ils ont creusé d’immenses vallées, surplombées par des pics tutoyant les nuages. Avec le temps, la fonte des glaces combinée à une élévation du niveau des océans ont entraîné l’entrée de la mer dans ces profondes vallées.

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Ainsi sont nés les fiords. Majestueux, ils culminent à plus de 1500m et atteignent par endroit jusqu’à 440m de profondeur. Dans les eaux noires et glacées de la mer de Tasman, ces labyrinthes rocheux sont loin d’être dénués de vie. Les premiers 40 mètres de profondeur regorgent d’activité et abritent notamment la plus grande colonie de corail noir (Antipatharia sp) du monde. Au-delà la lumière s’estompe puis disparaît pour laisser place à un autre monde.

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Sur terre également, le Fiordland en impose. Les hautes montagnes qui encadrent les fiords sont recouvertes d’une forêt humide et dense. Préservé de toute activité humaine, hormis quelques tentatives d’exploitation sylvicole, ce parc national abrite les plus étranges espèces d’oiseaux de Nouvelle-Zélande tels que le Takahe, le Kakapo ou encore le Tokoeka (Kiwi austral). Autant de reliques d’un autre âge issues de l’histoire évolutive remarquable de la Nouvelle-Zélande.

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Si ces discrets habitants du Fiordland préfèrent rester dissimulés dans les quelques 12 000 km² du parc national, l’un d’entre eux s’avère beaucoup plus téméraire. Le Kéa (Nestor notabilis), perroquet montagnard endémique du pays au long nuage blanc, n’hésite pas à investir et fouiller scrupuleusement véhicules et autres sacs-à-dos susceptibles de contenir quelques miettes à grappiller. Curieux et inquisiteur, il convient de mettre en sûreté tout objet qui pourrait l’intéresser…

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En fond de vallée, l’unique route menant à ce sanctuaire écologique constitue à elle seule une excellente raison d’y faire un détour. D’abord large et aride, la vallée se resserre à mesure que l’on se rapproche des fiords et s’étoffe de forêts luxuriantes.

Les falaises vertigineuses paraissent alors si proches qu’elles en deviennent presque menaçantes… A juste titre, elles peuvent s’avérer dangereuses en hiver lorsque les avalanches, fréquentes, parviennent jusqu’à la route.

Toutefois les flancs abrupts de ces montagnes présentent de formidables occasions de randonnées. Accroché sur ces reliefs vertigineux, le sentier de 32 kilomètres de la Routeburn Track, l’une des célèbres « Great Walks » de Nouvelle-Zélande, serpente au dessus d’une vallée qui semble encore vierge de toute présence humaine.

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Nous voilà seuls dans des forêts de hêtres natifs, perdus dans un dédale de mousses, lichens, fougères et lianes enchevêtrés.

Un peu plus haut, la tourbière de Key Summit nous offre une vue panoramique sur ces vallées et ces pics enneigés.

On y aperçoit également le lac Marian, véritable bijou alpin dans son écrin de roches et de glace.

Le voyageur chanceux pourra apprécier la vue sous un soleil timide, météo au combien rare dans cette partie de l’île où, chaque année, 7 mètres de pluie s’abattent en trombes sous de violentes rafales de vent. Le Fiordland est ainsi plongé dans la tourmente 300 jours par an ! Néanmoins, même si le temps n’est pas de la partie, une croisière sur le célèbre Milford Sound est plus que conseillée.

Bien que la randonnée accorde une immersion totale dans ce paysage grandiose, seule une embarcation permet une réelle prise de conscience de l’envergure du décor. Et quel décor ! Les falaises du Mitre Peak, parsemées de cascades, forment une forteresse imprenable qui se précipite vers les profondeurs noires des fiords.

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Seul un œil averti pourra tenter d’apercevoir le véritable trésor des lieux :  le discret gorfou du fiordland, petit habitant des côtes perdues. Loin du regard des hommes, environ 3000 couples subsistent entre le Fiordland et Stewart Island. Malgré des efforts de conservation, le nombre d’individus ne cesse de décroitre. La cause majeure est, comme souvent en Nouvelle-Zélande, l’introduction de prédateurs terrestres. L’inaccessibilité des sites de ponte représente un véritable défi pour les acteurs de la conservation, il leur est souvent impossible de mettre en place un système de lutte efficace contre les mammifères. Toutefois, dans le Milford Sound, une étude du DOC a montré que la population se stabilise grâce au piégeage des hermines et il se pourrait même que les effectifs soient en hausse. Promesse d’un nouveau jour pour le petit Tawaki dans l’un des plus beaux décors du monde.

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