Australie – La Tête au Nord, les Pieds dans l’Eau

Le « wet », la saison des pluies, la plus redoutée de toutes les périodes de l’année, les cinq mois d’enfer mouillé durant lesquels des trombes d’eau s’abattent avec fracas sur les terres craquelées du désert australien. Angoisse déraisonnée ou crainte justifiée ? Pour vous, nous avons tenté, nous avons traversé le « top end » du Territoire du Nord durant le mois de janvier 2020. Et autant vous dire que cette expérience nous a donné l’impression d’un voyage dans le voyage, un truc à part. Décryptage !

Parlons peu mais parlons bien, le wet, c’est d’abord quelques chiffres :

  • 5 mois, de novembre à avril
  • 1700mm de pluie
  • 32°C en moyenne, ressenti 40°C…
  • 80% d’humidité
  • Plus de 100 espèces de moustiques
  • Des milliards de mouches

Tout ceci semble fort réjouissant au premier abord, mais il faut parfois oser se mouiller et tenter sa chance en gardant à l’esprit quelques bons réflexes afin d’éviter tout risque inutile.

Le premier, et le plus important, est d’anticiper la météo. Cela semble évident mais c’est un réflexe à retrouver après avoir vadrouillé tous les jours sous un ciel sans le moindre nuage depuis plusieurs mois. Dans les faits, s’il faut anticiper la pluie, il faut surtout rester vigilant vis-à-vis des tempêtes tropicales et cyclones qui sévissent au Nord du pays. Ils peuvent être très destructeurs sur les côtes et une tente, aussi solide soit-elle, n’a aucune chance face à des rafales à 200km/h ou la malencontreuse chute d’un arbre. Heureusement, les australiens ont tout prévu (après avoir lourdement payé leurs premières erreurs), les habitations sont désormais conçues pour résister aux tempêtes et des abris publics anti cycloniques sont disponibles en cas d’urgence. Pas de panique donc, il faut simplement rester informé via les médias disponibles et s’adresser aux locaux en cas de doute. Le site internet du BOM (Bureau Of Meteorology) permet de suivre l’évolution des perturbations de manière fiable et l’application Windy sur Android est aussi très utile. Durant nos aventures humides, nous avons subi une tempête tropicale et deux cyclones. Un bilan somme toute banal, apparemment, pour une année « plutôt sèche » aux dires des locaux !

« Plutôt sèche », ce n’est pourtant pas vraiment l’impression que nous avons eue. La pluie, bien qu’elle ne tue pas directement, peut causer de graves inondations et entrainer quelques désagréments notamment si vous êtes perdus dans une zone reculée et que l’unique route d’accès se retrouve bloquée par la soudaine montée des eaux. De notre côté, nous avons été forcés de faire demi-tour lorsque la route avait tout bonnement disparu sous plus d’un mètre d’eau. Le ciel était pourtant clément, mais les pluies tombées plus au Nord avaient gonflé les rivières au point d’en créer de nouvelles. Prudence donc !

Mais laissons ici la météo et discutons de ce dernier point noir dansant sans relâche autour de nos têtes en compagnie de deux cents de ses confrères. Nous parlons des mouches bien évidemment, à chaque printemps, la « bush fly » (Musca vetustissima) fait son retour si tant est qu’elle soit partie à un moment. Des milliards d’entre elles émergent des centaines de millions d’excréments bovins qui parsèment l’outback australien. Gare au voyageur peu précautionneux qui laissera son sac poubelle en dehors de son véhicule pendant la nuit : il se retrouvera probablement infesté de centaines de larves gluantes en quelques heures puisque le développement des œufs de ce cauchemar volant est extrêmement rapide en conditions tropicales. Contrairement à leurs compatriotes européennes, ces mouches sont irrésistiblement et insatiablement attirées par les sécrétions liquides de notre corps : sueur, larmes, salive, mucus nasal, et, le cas échéant, sang… Charmant tableau qui a de quoi rendre fou, littéralement. Sans moustiquaire, la situation est intenable et survient sans attendre ce que l’on appelle le « salut australien », un mouvement frénétique de la main devant le visage en vue de chasser, en vain, ces importunes créatures. On passera rapidement sur le fait de se méfier aussi des randonnées en short dans les herbes hautes, truffées de sangsues assoiffées de sang, et de TOUJOURS se munir d’un anti-moustique puissant, puisque ces derniers prennent la relève des mouches à la tombée du jour.

Toutefois, malgré les airs d’apocalypse décris plus haut, le wet est aussi une formidable opportunité pour profiter d’un paysage unique. Le Territoire du Nord se part de vert, l’eau fait son grand retour (et les crocodiles avec elle) dans les billabongs, la vie fleurit partout. De plus, si la pluie n’arrête pas le pèlerin, elle arrête volontiers le touriste effrayé. Les parcs nationaux sont alors à l’entière disposition du courageux aventurier, et les prix des campings deviennent très avantageux. Certaines portions toutefois ferment durant la saison des pluies afin d’éviter tout accident. Il est donc préférable de se renseigner sur les sites internet de ces parcs, mais aussi de demander aux sites d’information (I-Site) locaux – les sites internet n’étant pas toujours à jour. C’est dans ces conditions, plus que favorables à nos yeux, que nous avons visité les parcs nationaux du Kakadu, Lietchfield et Nitmiluk, grandioses. Les amateurs d’ornithologie ne seront pas déçus de voir débarquer des myriades d’espèces exotiques, les amphibiens s’en donnent à cœur du soir au matin et les reptiles sont également de sortie, un véritable safari des pluies !

Voyager durant la saison des pluies n’est donc pas impossible mais demande un minimum de préparation et de vigilance. Et c’est au prix d’un inconfort modéré que l’on peut profiter d’une nature sublimée par les couchers de soleil irréels derrière les nuages d’orages tropicaux.

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