Une Journée à Tussen Die Riviere

Tussen Die Riviere, ou « TDR », pour les intimes. En arrivant au cœur de ces 22 000 hectares de savane, on comprend aisément la signification de ce nom, tiré de l’afrikaans.

« Entre deux rivières », c’est précisément l’endroit où nous nous trouvons : coincés entre la Caledon River au nord et l’Orange River au sud, sur une route serpentant parmi les imposants kopjes, des collines dénudées, coiffées de rocs rouges.

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Les pygargues nous accueillent de leur vol silencieux tandis que les kilomètres de piste défilent dans cette immensité aride et vide.

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Au lever du jour, la réserve sort de sa torpeur. Les rayons du soleil éclaboussent la brume matinale, donnant au ciel des teintes surréalistes.

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TDR reprend vie après une froide nuit d’hiver, derrière chaque bosquet l’un de ses habitants prend part à son réveil. Sous nos fenêtres, un lièvre se dresse, oreilles frémissantes, à l’affût d’un bruit suspect.

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Les cris des oiseaux remontent de la rivière. Au loin, des masses sombres évoluent entre les roseaux : un troupeau se met en marche, l’herbe gelée craque sous les sabots.

_DSC3180Les premières lueurs réchauffent le cuir épais d’un buffle du cap. Sur ses flancs, les multiples cicatrices témoignent d’un passé glorieux, empreint de rudes combats. Malgré les années, sa stature impose encore le respect : il semble taillé dans la pierre, un roc surmonté par deux immenses cornes en croissant formant un casque de plus de 10 cm d’épaisseur.

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Durant la journée, les animaux se font plus discrets. Un soleil de plomb s’abat sur la réserve, les ondes de chaleur à l’horizon nous feraient presque oublier la gelée du matin. En plein hiver, à 1200 mètres d’altitude, la température s’élève sensiblement, nous poussant même à troquer gants et bonnets contre la panoplie estivale.

En fin de journée, le soleil s’apprête à disparaître derrière l’horizon. Une lumière chaude enflamme le sommet des kopjes et magnifie la scène.

Sur les hauteurs, zèbres, oryx gazelles, impalas, koudous, tous semblent profiter des dernières lueurs du jour tandis qu’un protèle se glisse furtivement entre les herbes jaunes.

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Un sengi, une « musaraigne à trompe » vient nous rendre visite. Vif, le petit mammifère se déplace par bonds rapides entre les rochers.

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Il disparaît dans les fourrés, le soleil fait de même derrière les nuages, un autre monde s’éveille.

Le froid hivernal et la lune reprennent leurs droits, il est temps de rentrer au camp. Dans la lueur des phares des ombres se dessinent, une paire de cornes, des pattes, un miroir blanc qui bondit entre les acacias : les impalas sont de sortie. Ils brouteront toute la nuit, attendant le petit jour pour retourner s’abriter sous le couvert de la végétation.

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Pourtant bercés par le chant de l’autruche et les plaintes des chacals, nous avons du mal à trouver le sommeil. Non pas à cause du gecko accroché au plafond qui semble veiller sur nous mais plutôt à cause de l’excitation. Une foule de rencontres, des émotions en pagailles, toutes plus fortes les unes que les autres. Comme si nous cochions les cases les unes après les autres dans notre liste de rêves.

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Un sentiment de plénitude envahit le corps et l’esprit. Un dernier coup d’œil sur le ciel d’encre tapissé d’étoiles nous permet de fermer enfin les yeux sur des instants qui resteront à jamais gravés dans nos cœurs et nos mémoires : les silhouettes dorées des zèbres et des oryx sur une crête, la multitude de nuances que peut prendre la terre, du rose pâle au violet presque noir en passant par un ocre vif, les gros blocs de granite ronds, et le silence. Un silence dense, profond, implacable, le silence sauvage de l’Afrique du Sud.

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