Tribulations Sauvages aux Quatre Coins du Monde
Après quelques jours de vadrouille et de recherches intensives aux alentours d’Atherton, on trouve finalement une offre d’emploi… à 1200 kilomètres de là ! Nous avons reçu une réponse favorable pour aller faire du fencing dans une station en plein milieu de l’outback. En français, ça signifie donc passer 10 heures par jour à mettre en place des clôtures barbelées sous 45 degrés pour délimiter les quelques milliers de kilomètres carrés de désert dans lesquels sont élevées les vaches et cette phrase n’en finit pas – un peu comme ces étendues plates et rocailleuses dans lesquelles nous avons passé deux mois.
Nous sommes logés dans un camp à la Mad Max, dans une petite caravane avec l’air conditionné – un vrai luxe à cette période puisque l’on rentre dans la saison humide, pendant laquelle les températures descendent rarement en dessous de 30°C, même la nuit. Heureusement pour nous, le camp, aussi sommaire soit-il, est très bien aménagé et on a même une piscine privée (qui est en fait un étang de réserve permettant d’approvisionner en eau les parcelles alentours… Mais aussi notre réserve d’eau. Oui oui, on boit la même eau que les vaches, et il n’est pas rare de trouver quelques algues dans notre bouteille quand on fait le plein !).
Ici, nous sommes loin de tout. Il faut rouler 80 kilomètres sur des routes de terre pour sortir de la propriété et parcourir encore 10 kilomètres supplémentaires pour attendre le village le plus proche. Le « village » en question ? Camooweal, 208 âmes, un pub, un camping et une station service. Et c’est tout. Nous y allons toutes les deux semaines, pour nos jours de congé. On profite de la (vraie) piscine du camping, et on essaye de dormir tant bien que mal dans la rooftent avec des températures toujours plus élevées la nuit. Une fois par mois, on roule jusqu’à Mount Isa, la plus grande ville du coin. Située à 180 kilomètres de Camooweal, cette bourgade minière de 18 000 habitants est l’endroit le plus proche où trouver un supermarché. Autant dire qu’on n’y va pas tous les week-ends ! On se trouve d’ailleurs un peu déroutés face à l’agitation d’une ville, nous voilà perdus au beau milieu d’un centre commercial, agressés par le bruit, le monde, les néons électriques. A croire qu’on s’y fait bien à cette vie d’ermites...
La vie dans le désert est à l’image du paysage qui nous entoure : dure, austère, aride. Les journées de travail sont longues, éprouvantes. On commence souvent avant que le soleil ne se lève, pour profiter des heures les plus « fraiches » de la journée. A 6h00 du matin, il fait déjà 35°C. Durant les premiers jours, Kerry, notre patron, nous accompagne pour nous apprendre le métier. Planter les piquets, tendre les barbelés, conduire les tracteurs, couper et souder des barres d’acier, construire des portails… on ne voit pas le temps passer ! Les journées s’enchaînent, les mouches nous harcèlent par centaines, nous buvons plus de sept litres d’eau par jour (chacun), mais on ne s’ennuie pas ! Petit à petit, Kerry nous laisse nous débrouiller, on ne le retrouve que le soir pour partager une bière au coucher de soleil, chaque jour différent, toujours plus beau.
Après deux mois intenses, nos corps sont douloureux et nos esprits ont soif d’aventures nouvelles, il est temps pour nous de quitter le camp pour voguer vers d’autres horizons. Notre choix se porte sur le parc national de Boodjamulla (Lawn Hill), situé à environ 300 kilomètres au nord de Camooweal. On vous l’accorde, la saison humide n’est sûrement pas le moment idéal pour découvrir cet oasis. Les températures ressenties atteignent maintenant 50°C en journée, restent au dessus de 35 la nuit, et il devient vraiment difficile de dormir dans la rooftent. Le simple fait de marcher demande une énergie considérable. Heureusement pour nous, le parc est sillonné par deux rivières dans lesquelles nous avons passé la plupart de nos journées !
Les gorges de Lawn Hill offrent un contraste spectaculaire entre le vert émeraude de l’eau et les falaises rouges propres au désert australien.
On transpire, mais on admire !
Après trois jours (de cuisson) il est temps de retrouver la civilisation… Et d’attendre à Mount Isa un nouveau phare pour notre 4×4. On y passera les nuits les plus chaudes (38°C à minuit au thermomètre de la voiture) et les plus difficiles de ces derniers mois ! Heureusement, nous rencontrons Jerry et Nicola, un couple australien qui nous invite à passer quelques jours avec eux. C’est donc en excellente compagnie que nous passons Noël et que nous terminons cette année 2019 !