Tribulations Sauvages aux Quatre Coins du Monde
Te Waka-a-Māui, littéralement, « le canoë de Maui ». Ici aussi, c’est la légende de Maui qui a inspiré ce nom. L’île du Sud serait en réalité le canoë depuis lequel Maui aurait pêché son énorme poisson, l’île du Nord. Toutefois c’est un autre nom maori qui a été retenu comme désignation officielle en langue maorie : Te Wai Pounamu. Ce nom signifie « la rivière aux pierres vertes », en référence à la greenstone, une néphrite plus communément appelée jade, très répandue dans les cours d’eau de l’île du Sud.
La Golden Bay, un bien beau nom nous diriez-vous, un rien kitch peut-être. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la Golden Bay mérite son surnom, il s’agit de l’une des régions les plus ensoleillées de Nouvelle-Zélande. Selon les locaux ce serait même LA plus ensoleillée, mais il faut avouer que les habitants de Blenheim et de la Hawkes Bay tiennent le même discours, qui dit vrai … Mystère, mais peu importe. Ici, au crépuscule, un soir d’été, la mer luit sous les derniers rayons du soleil, donnant à cette baie séculaire une allure de miroir d’or.
Lors de notre périple, la descente de la côte Ouest de l’île du Sud a représenté presque les deux tiers du temps passé sur cette île. Autant dire qu’on a pris le temps de voir et de faire beaucoup de choses ; il serait fastidieux de retranscrire nos péripéties dans les moindres détails tout comme il serait pénible pour toi, lecteur assidu d’Uumajuq, de parcourir une liste impersonnelle d’endroits paradisiaques tout droit sortis du dernier Lonely Planet sur la Nouvelle-Zélande. Ainsi, pour présenter de manière plus plaisante cette côte aussi variée que magnifique, commençons par étudier les facteurs qui ont contribué à notre émerveillement quotidien.
A plus de 19 000 kilomètres de nos Alpes françaises, traversant l’île du Sud de part en part, se trouve une chaîne de montagne très similaire à la nôtre. Loin de Gap et Sisteron : les Alpes du Sud. Nommées ainsi au 18ème siècle par le capitaine anglais James Cook, leur « hauteur prodigieuse » a de quoi faire rêver plus d’un alpiniste chevronné. Bien que le Mont Cook en soit le point culminant, les Alpes du Sud ne comptent pas moins de 16 autres sommets dépassant les 3 000 mètres d’altitude. Autant de terrains de jeux potentiels pour tout amoureux de la montagne.
Il y a 20 000 ans, dans les montagnes de l’île du Sud, les glaciers sont à leur apogée. Bulldozers inarrêtables, arrachant sans relâche des tonnes de rochers, ils ont creusé d’immenses vallées, surplombées par des pics tutoyant les nuages. Avec le temps, la fonte des glaces combinée à une élévation du niveau des océans ont entraîné l’entrée de la mer dans ces profondes vallées. Ainsi sont nés les fiords. Majestueux, ils culminent à plus de 1500m et atteignent par endroit jusqu’à 440m de profondeur.
Fin de journée, le soleil se couche sur Curio Bay. Les derniers rayons effleurent les reliefs pétrifiés d’une forêt d’un autre âge. Les ombres s’étirent derrière les souches fossilisées, et rendent à l’endroit sa majesté d’antan. Rien ne bouge, excepté une toute autre forêt, marine. Les kelps dansent au gré des vagues, comme les cheveux d’une sirène dans l’écume du Pacifique. C’est dans ce décor qu’une ombre sort de l’eau.
L’eau est l’élément clé de tous les paysages de la Nouvelle-Zélande. Côtes découpées, cascades démesurées, rivières translucides, glaciers majestueux et lacs innombrables composent ainsi les paysages parmi les plus célèbres de la Nouvelle-Zélande.
De Dunedin à Kaikoura en passant par Christchurch, 650 kilomètres de côte, une vue imprenable sur l’océan Pacifique et les Alpes du Sud en toile de fond. Bienvenue sur la East Coast, reconnue pour ses qualités de terre agricole mais pas uniquement. Pour le voyageur attentif, cette côte d’apparence peu attrayante comparée aux fiords majestueux regorge de trésors cachés.
« Si la Nouvelle-Zélande était un gâteau, les Marlborough Sounds en seraient la cerise. » peut-on lire dans le carnet de voyage d’une jeune aventurière savoyarde. Se pourrait-il que ce soit de nous ? Quoi qu’il en soit cette description se suffit à elle-même, c’est du moins notre premier ressenti à la vue des paysages qu’offrent les Marlborough Sounds. La mer est ici un poulpe immense partant à l’assaut de l’île du Sud, ses longs bras ondulent en tous sens, sillonnant les collines vertes du Marlborough.